Scandale à la "Ferme-Zoo" de Cessenon

Publié le par Yvon Bertrand













Ce 5 Janvier 2009, la situation catastrophique de la ferme zoo de Cessenon-sur-Orb a provoqué une vive émotion.

Une trentaine d'animaux sont morts sur place, faute de soins, de nourriture, où à la suite de maladies qui s'étaient développées sur place.

La SPA, qui assure désormais le suivi des espèces survivantes, a annoncé sa volonté de déposer plainte pour acte de cruauté envers les animaux.

L''image est saisissante.

Depuis quelques jours, la ferme-zoo de Cessenon-sur-Orb offre un véritable spectacle de désolation.

Des animaux morts sont entassés sous une bâche. D'autres, particulièrement amaigris, progressent difficilement dans leur enclos. Certains ne tiennent plus à la vie que par un fil.

La ferme semble totalement abandonnée. Canards, vaches et chèvres, échappés de leurs enclos dégradés, errent, en toute liberté, au beau milieu de ces installations en état avancé de délabrement et de saleté.

A quelques pas de là, deux villageois s'affairent. « On vient leur donner à manger, relate un habitant de Cessenon.
Samedi, j'ai aidé à évacuer le corps d'un âne mort avec mon tracteu C'est affreux. »


Le lieu fut longtemps prisé des touristes.

Il reçoit désormais des visiteurs beaucoup plus spécialisés. Direction des services vétérinaires, gendarmerie, Société protectrice des animaux... un étonnant ballet se joue actuellement, en toute discrétion, sur les hauteurs de ce petit village de l'ouest héraultais.

C'est là, au coeur de sa principale attraction, la fameuse ferme aux 800 animaux, que s'est noué le drame.

 Les responsabilités ne sont pas encore clairement établies.

Mais une chose est sûre : des faits de négligence ou de maltraitance ont conduit à la mort de près d'une trentaine de bêtes.
« Lorsque je suis allé sur place, il y a peu de temps, certains cadavres étaient en état de putréfaction, relate une source qui préfère conserver l'anonymat. Une vingtaine d'animaux étaient décédés, d'autres étaient à l'agonie et ont dû ensuite être euthanasiés. Les pensionnaires n'étaient pas assez nourris et entretenus. »

Après un premier contrôle de lieux, la Direction départementale des services vétérinaires (DDSV) est revenue sur les lieux ce week-end, avec des équipes de la compagnie de gendarmerie de Béziers.

« Parmi les animaux morts, nous avons retrouvé des moutons, chèvres, bovidés, volailles, équidés », confirmait, hier, la chef du service santé et protection animale de la DDSV de l'Hérault.

D'après les premiers éléments recueillis par les services vétérinaires, les responsables de la ferme-zoo détiendraient les qualifications nécessaires à son exploitation.

Alors comment a-t-on pu en arriver là ?

 Le site touristique a-t-il, comme semblent l'attester certains éléments, fait faillite ?

Une double procédure, judiciaire et administrative, va tenter de faire la lumière.

La personne chargée de l'entretien de la ferme-zoo ferait actuellement l'objet de recherches.

Le suivi des animaux est assuré, à titre provisoire, par les SPA des secteurs de Montpellier et Béziers.

Hier, le répondeur de la ferme-zoo tournait en boucle, en annonçant toujours la réouverture de ce funeste parc pour le 9 février prochain.

Le gérant est toujours recherché. Il a abandonné la ferme zoo, qui était en redressement judiciaire, en emportant avec lui certaines bêtes présentant une valeur marchande. .

De nombreuses personnes se sont présentées, hier, sur le site touristique avec des bottes de paille, des sacs remplis de pain pour nourrir les animaux qui ont survécu à la négligence et à l'abandon. « Des supermarchés nous appellent pour nous proposer des produits », relate Christian Francès, le maire de Cessenon-sur-Orb.

« Une importante chaîne de solidarité s'est créée, c'est merveilleux », ajoute la directrice de la SPA de Béziers, en rappelant, toutefois, que les particuliers ne doivent surtout pas donner à manger aux bêtes sur place.

« La situation est d'ailleurs désormais sous contrôle. » Selon le maire de Cessenon, un vété rinaire devrait intervenir dans les prochains jours pour dresser la liste des animaux qui peuvent être sauvés.

Ces derniers devraient ensuite être répartis dans des structures d'accueil agréées. hier, sa volonté de déposer .

«Quand je suis arrivée sur place, vendredi, confie la directrice de la SPA de Béziers,
c'était une vision d'horreur, d'après-guerre. Je ne comprends pas comment des hommes peuvent en arriver là. »

« Le gérant de la ferme ramenait parfois des animaux avec des maladies, . Il jetait des chèvres mortes aux cochons. J'ai vu des poules affamées manger des pigeons vivants, des brebis mettre bas dans la boue avec des agneaux qui ne survivaient pas. » explique l'homme, qui occupe un studio sur le site,.

Il estime que l'exploitant «
a vu trop grand et a été dépassé par les événements. Il rencontrait des difficultés financières. »

Une chose est sûre : l'homme qui avait repris la gérance de la ferme-zoo avait vu son entreprise placée sous redressement judiciaire en 2006.

Mais il ne répondait pas, pour autant, à ses obligations.

Il aurait quitté les lieux il y a environ trois semaines. Et serait revenu brièvement sur place. Selon plusieurs sources, il aurait emporté avec lui différents animaux qui pourraient présenter une valeur marchande. L'homme aurait également essayé de se lancer dans une entreprise similaire, dans un autre département.

Son activité se résumait-elle à l'exploitation touristique de la ferme-zoo héraultaise ?

Faisait-il également commerce des animaux ?


S'approvisionnait-il parfois en bêtes malades auprès des zoos ?

Sa gestion financière présentait-elle des anomalies ?

De nombreux points restent à éclaircir. Parallèlement aux investigations de la direction départementale des services vétérinaires, la compagnie de gendarmerie de Béziers a ouvert une enquête sous l'autorité du procureur de la République de Béziers.

Le maire de Cessenon-sur-Orb avait alerté les pouvoirs publics le 18 décembre dernier. Intrigué par un camion d'équarrisseur qui venait de s'embourber sur le chemin de la ferme-zoo.

Une centaine d'animaux auraient survécu sur le site touristique. Mais certains d'entre eux font pâle figure.

Le manque de soins, de nourriture ou les maladies ont fait des ravages.

Des chameaux, qui étaient parvenus à fuir leur enclos, sont morts après avoir ingéré du laurier rose.

Le site semble livré à l'abandon Des barrières étalées contre le sol, des grillages arrachés et des animaux errant au milieu des installations de la ferme, dans les allées qui accueillaient il y a encore peu de temps les touristes, écoles et centre de loisirs du secteur... la ferme a totalement changé de visage.

Avant cette triste affaire...

Cette ferme-zoo , connaissait un certain succès auprès des touristes.
Avec ses 800
animaux, c'était l'occasion de découvrir la vie à la ferme.

Ce parc privé fut créé en 1989.

A l'époque de sa création, il s'agissait d'une ferme pédagogique.

Puis au fil des années, à partir des années 2000, les propriétaires de la ferme-zoo ont souhaité "mettre l'accent sur la présentation et la reproduction des différentes races d'animaux domestiques".

Certaines races étant uniques en France.

Sur le site
Internet de la ferme-zoo, il est même précisé que « la sauvegarde de ces espèces est pour nous, très importante, et nous essayons également d'en assurer la reproduction afin de garder ce patrimoine génétique. »

 

Mais au-delà des belles paroles, il y a la réalité.

Et cette réalité, depuis quelques jours, n'est pas très reluisante.

Affaire à suivre...


La détresse du créateur de la ferme-zoo

 

La ferme-zoo de Cessenon- sur-Orb, c'est son « bébé ».

Et il le voit dépérir de jour en jour. « Impuissant. » Depuis que le gérant du site touristique a fait ses valises, depuis que les animaux sont abandonnés à leur triste sort et que leurs cadavres s'amoncellent sur place, Daniel L'Helgoualch ne dort plus.

La ferme, il l'a créée il y a 20 ans.

 « C'était une ferme pédagogique avec des animaux de plusieurs pays. Elle avait une réputation nationale. Elle est encore repassée il y a deux mois dans les "must" de 30 millions d'amis, certains animaux étaient passés chez Dechavanne. »
Mais son aventure personnelle s'est arrêtée en 2000.

« J'ai été victime d'une attaque à main armée. J'ai failli y passer »
, relate Daniel L'Helgoualch. Il n'en pouvait plus. Il a fait cette rencontre. Un homme lui a proposé des zébus nains. La discussion s'est engagée. Le vendeur voulait reprendre une affaire, Daniel voulait céder la sienne. Accord conclu.

Mais le "papa" de la ferme-zoo a vite déchanté.

« Il a fallu que je baisse plusieurs fois les loyers, je l'ai fait. Et puis en 2006, il ne m'a plus payé du tout. On lui a accordé un redressement judiciaire. Mais, surtout, il n'aimait pas les animaux et détruisait tout. Il s'est comporté, ensuite, comme un maquignon. Il a stocké les bêtes comme si c'était de la marchandise, il y avait peut-être plus d'un millier d'animaux sur un hectare ! Des camions d'animaux allaient et venaient la nuit. Je trouvais les animaux mal soignés. Je sentais que ça allait finir comme ça. J'ai téléphoné partout, envoyé des recommandés, demandé un constat d'huissier. Mais je n'étais plus chez moi. »


Et puis il y a ce funeste premier week-end de janvier.

« Vendredi 2, j'ai appelé une personne qui vit sur place.

Elle m'a dit de venir. C'était horrible : les animaux morts ou agonisant, l'état sanitaire, la boue, le fumier. J'ai fondu en larmes. » Depuis, Daniel nourrit les animaux avec des bénévoles. Et ne tarit pas d'éloge sur l'action de la SPA et des services vétérinaires. Il n'a plus qu'un souhait : récupérer la ferme que son fils de 24 ans rêve de reprendre. Mais il a toujours du mal à retenir ses larmes dès qu'il évoque la situation :


« Maintenant, les animaux vont arrêter de souffrir, ils vont être placés et ce personnage va arrêter d'exercer. Ces animaux sont morts pour sauver les autres. »



Publié dans Histoire locale

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