Match de Rugby "Irlande - France" du 7 Février 2009

Publié le par Yvon Bertrand













Résumé


Match Irlande-France

Analyse

Au lendemain de la défaite de Croke Park, le constat est évident, il manque encore beaucoup de choses au XV de France pour espérer gagner avec un système de jeu ambitieux et très exigeant. Le staff ne s'en cache pas et il promet une semaine de travail intense avant le match contre l'Ecosse samedi.

Il est des défaites plus difficiles à digérer que d'autres. Celle de samedi en fait partie et les Bleus vont sans doute longtemps analyser le pourquoi du comment. Mais on peut s'attendre à un discours musclé en début de semaine à Marcoussis. Marc Lièvremont entame la litanie des reproches : «Le gros point noir, et c'est la première fois, c'est le manque d'intensité dans le combat. Ça nous a fait déjouer, et cela a provoqué des fautes, notamment défensivement. Prendre trente points contre une équipe irlandaise qui n'a pas un talent exceptionnel, c'est beaucoup trop. Il y a eu de grosses erreurs individuelles qui ont offert quatorze points. Etre pénalisé dix fois contre deux, à ce niveau-là, c'est injouable. On s'est surtout épuisé, physiquement et nerveusement, à courir après le score

Au-delà de ces manquements évidents, c'est surtout la défaillance collective qui inquiète, surtout quand elle est accentuée par de grosses fautes individuelles. Lièvremont développe: «Il y a un problème d'organisation collective, notamment autour des rucks, ou défensivement dans le replacement. Il nous manque aussi le réalisme, la clairvoyance pour faire la différence. Le constat d'échec, il est sur la première mi-temps. Par rapport au nombre d'occasions, à la possession du ballon et l'occupation du terrain, nous aurions dû être devant.»

Un recadrage en règle
Il va désormais falloir rebondir, se servir de ces erreurs pour avancer. Premier objectif, dresser un bilan sans concession avec chacun des joueurs, histoire de recarder les troupes et de rappeler les exigences du haut niveau. Et on peut penser que certains vont passer un mauvais moment si l'on se fie à l'avertissement du coach : «On va passer une semaine extrêmement studieuse, forcément, plus stressante et pénible que s'il y avait eu victoire. On va travailler sur des montages individuels, pour étudier la performance de chacun, on va passer par des entretiens en tête à tête. Il y a un problème d'organisation collective, mais le rugby est un sport de duels, et on a trop perdu. Certains n'ont pas joué à un niveau d'intensité suffisant au niveau international.» Lièvremont donne même quelques indices des coupables : «Je ne vais pas citer de noms, on va laver notre linge sale en famille, mais on va voir si ce groupe est solidaire. On peut penser notamment que le cinq de devant n'a pas eu le rendement attendu

Confiance en ce groupe
On peut alors se demander si cette équipe est armée pour un jeu aussi ambitieux, et donc exigeant. Lièvremont admet un déficit physique : «On n'est pas assez réactifs. Peut-être que les joueurs n'ont pas la caisse nécessaire. Beaucoup de joueurs n'ont pas l'habitude de jouer à cette intensité. Mais on n'a pas le temps de travailler ça en semaine.» Le bilan est donc forcément négatif, mais le staff tricolore répète sa confiance au groupe, et on a bien compris qu'il voulait d'abord provoquer une réaction, piquer l'honneur de ses hommes. Lièvremont résume : «On attend un sursaut d'orgueil, une prise de conscience. Mais il n'y a pas que du négatif non plus. On reste persuadé de la qualité de ce groupe. Individuellement on est capable de rivaliser avec n'importe qui. Les duels, on peut les gagner, on a tous les ingrédients pour jouer ce jeu

Il faudra donc rectifier pas mal de choses contre l'Ecosse samedi au stade de France. Et commencer par allier enfin le combat et les intentions, comme l'espère Emile N'Tamack : «on fait trop d'efforts peu récompensés. Il faut trouver cet équilibre, on essaie d'avoir tous les compteurs en haut en même temps.» Car pour l'instant le rugby français ne gagne pas, et le bilan du staff est passé dans le négatif (cinq victoires, six défaites).

A. M. à Dublin


Interview du Sélectionneur

Marc Lièvremont est revenu sur la défaite du XV de France en Irlande, samedi. Le sélectionneur tricolore, s'il a apprécié les initiatives offensives de son équipe, estime que ses joueurs ont failli dans le combat à Croke Park. "J'ai senti un manque d'implication", regrette-t-il.

Comment expliquez-vous la défaite concédée samedi en Irlande?

Marc LIEVREMONT: Le gros point noir à mon sens, et pour la première fois, c'est le manque d'intensité dans le combat qui nous a fait déjouer, qui a causé pas mal de fautes et notamment défensives. Prendre trente points contre une équipe d'Irlande courageuse, certes, mais dont on ne peut pas dire qu'elle ait un talent exceptionnel, c'est évidemment beaucoup trop.

Comment expliquez-vous l'ampleur du score?

M.L. : Le fait de très tôt concéder des points... deux fois face aux poteaux en première mi-temps (NDLR: sur des fautes de Faure et Szarzewski). Ils ont toujours eu cet ascendant psychologique, on sait que c'est important. On s'est usé physiquement à être tout le temps derrière. Quand on revenait à deux points, une faute idiote et on remettait les Irlandais dans le match sans qu'ils aient besoin de construire.

Les Irlandais ont inscrit deux essais en première main...

M.L. : On a eu des problèmes d'organisation défensive, commis de grosses fautes de défense individuelles. Offrir comme ça quatorze points sur des lancements de jeu directs, c'est évidemment impossible. Concéder quatorze pénalités contre deux pour l'équipe irlandaise, à ce niveau-là, c'est injouable.

Comment expliquez-vous cette facilité irlandaise à franchir votre rideau défensif?

M.L. : Le paradoxe, c'est qu'on n'a pas connu de gros problèmes défensifs. La première fois qu'ils déchirent notre défense, c'est à la trentième minute et ils vont marquer au niveau de poteaux. La deuxième fois, c'est en début de deuxième mi-temps et ils vont marquer au niveau des poteaux. Il y a un problème d'intensité, d'attitude au contact.

Avez-vous tout de même tiré des motifs de satisfactions?

M.L. : Dans l'animation, il y a eu beaucoup de bonnes choses malgré tout, notamment sur les ballons de contre attaque. Notre conquête n'a pas été catastrophique mais elle ne nous a pas donné suffisamment de ballons pour lancer du jeu de manière suffisamment propre et exprimer notre rugby. On l'a fait souvent en étant dominé. Non seulement on a pêché dans la finition mais au bout d'un moment, on s'est un peu épuisé, nerveusement et physiquement, à jouer en étant mené.

L'animation offensive vous avait fait défaut en novembre contre l'Australie mais l'engagement y était. Là, c'est l'inverse.. .

M.L. : Ce qui est râlant, c'est cet éternel débat entre un match plein contre l'Australie mais avec peu d'intention, puis celui d'hier avec énormément de bonnes choses dans l'animation collective mais de gros problèmes de finition. On aurait aimé, pour ce premier match 2009, réaliser une synthèse de tout ce travail de 2008, un match plus accompli.

Avez-vous été déçu par vos joueurs?

M.L. : Quand on aime... on espère toujours le meilleur. C'est vrai que pour la première fois j'ai senti un manque d'implication, ou peut-être trop de différence d'implication entre les uns et les autres. Certains n'ont pas joué au niveau d'intensité que requiert le niveau international. On va voir comment ce groupe va réagir, comment il va être capable de faire son autocritique. On a confiance en eux. On compte sur la force de ce groupe qui va relever la tête avant l'Ecosse.

    Résultats et Calendrier Tournoi 2009
    Régles rugby à XV
   Fédération Irlandaise de Rugby ( IRFU )
   Fédération Française de Rugby ( FFR )
    Connaître l'Irlande

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article