Généralités sur un des joyaux de notre région : la "via Domitia"...

Publié le par Yvon Bertrand

Gravure expliquant la création d'une voie romaine

C’est connu: les Romains furent de grands bâtisseurs et développèrent en Europe, un immense réseau routier (100 000 kilomètres durant les 8 siècles de leur prépondérance), le parsemant de cités et de monuments qui attirent encore aujourd’hui de nombreux visiteurs, tout cela souvent au cœur de régions d’un grand attrait touristique.

Il y a quelques 2000 ans de cela, l’Empire Romain se devait d’asseoir sa mainmise sur ses conquêtes : il était nécessaire d’établir un axe terrestre, une route militaire, qui permettrait les communications entre les différentes provinces.

A l’origine route militaire, la Via Domitia, la première à être construite en Gaule (France) devint donc rapidement une route de communication et de commerce, permettant d’organiser tout le sud de la Gaule.

Elle a été conçue par le proconsul Domitius Ahenobarbus, à qui elle doit son nom, en 118-117 av. JC.

 

Au début, ce sont surtout les légions romaines qui empruntent cette voie, puis viennent les marchands. Plus tard, ce sont les fonctionnaires de la République puis de l’Empire qui l’'utilisent (poste impériale ). La construction de ces voies fut bénéfique à l'économie locale grâce aux échanges qu'elles permirent entre les cités.

Le tracé de la Via Domitia nous est connu assez précisément par plusieurs sources : les gobelets de Vicarello,


la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin

Les différents statuts des voies romaines

Les viae publicae
Ce sont les grandes voies de l'Empire, les artères les plus importantes du réseau, reliant les grandes villes entre elles. L'Etat prend en charge, en principe, leur financement. Leur largeur moyenne était de 6 à 12m.
Quelques exemples : Via Domitia, Via Agrippa, Via Emilia, Via Appia…
 
Les viae vicinales
Elles permettent de relier les gros bourgs  à partir des viae publicae.
Leur largeur moyenne était de près de 4m.
 
Les viae privatae
Privées, lles reliaient ces voies aux grands domaines, aux villas.
La villa gallo-romaine est une vaste exploitation agricole dont la maison du maître est parfois luxueuse. 


La Voie romaine  est construite de manière presque rectiligne sur des terrains solides. L'observation des cartes topographiques montre très souvent le parcours qu'elle empruntait. Les routes modernes empruntent encore souvent le tracé de la Via Domitia (N85 - N100 - A9...)


Quand la voie entre dans une ville, elle traverse généralement une enceinte en passant sous une porte ou un arc de triomphe

la porte d'auguste, située sur l'ancienne via domitia qui reliait rome à

 Elle est pavée ou dallée,


Via domitia
 mais la plupart du temps, c'’est un chemin en terre battue sur des couches stratifiées de gravier et de cailloutis

Photo de la Voie Domitienne à Pinet dans l'Hérault
Les bornes milliaires
Afin de se repérer, le long des voies, les romains érigent en bordure des voies des bornes milliaires, colonnes cylindriques hautes de 2 à 4 m et de 50 à 80 cm de diamètre.
Elles ne sont pas placées à intervalles réguliers, comme nos bornes routières, mais correspondent plutôt à nos panneaux indicateurs, indiquant la distance jusqu'à la prochaine étape.
 
On y retrouve plusieurs inscriptions, dont le nom de l'empereur ayant ordonné la construction, ses titres et les distances.
 
Ces distances sont exprimées en mille romain (milia passuum) correspondant à 1'000 pas (en réalité doubles pas) de 1.48m, soit 1'480 m.


 

Le franchissement des rivières :il se faisait par des ponts (d’abord en bois puis en pierre)  ou par des gués pavés .



La Via Domitia  démarre en Italie, traverse tout le sud de la France et passe les Pyrénées jusqu’en Espagne où la Via Augusta prend la relève jusqu’en Andalousie.

Les Romains ont découvert que le Col de Montgenèvre (France) . était un lieu de passage idéal pour traverser les Alpes vers la Gaule.

Ils ne furent pas les seuls ! Hannibal et ses éléphants sont passés par là, l’Empereur Charlemagne également, pour aller combattre en Italie.

Dans notre région du Languedoc-Roussillon, elle traverse les départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées Orientales.



Son état de conservation est hélas inégal selon sa situation géographique : dans les grandes plaines du Languedoc-Roussillon, son tracé est parfois encore visible dans le paysage tandis que dans les parties de montagne, l’érosion naturelle et le climat rendent le repérage du tracé antique plus difficile.

Ne sont citées ici que les grandes étapes du parcours et leur intérêt lié à l’Epoque Romaine, mais il faut savoir que toutes ces villes possèdent bien d’autres trésors issus d’autres époques et valent vraiment le détour!


 C’est dans le Languedoc que se dresse le majestueux Pont du Gard, l’aqueduc le mieux conservé du monde, et considéré comme le symbole du génie romain.
Pont du Gard, France (Photo: Allan Hise - http://allan.hise.org)

Nîmes est également une étape incontournable de la Via Domitia.

De nombreux vestiges de l’époque subsistent : la Porte d’Auguste, la Tour Magne, la Maison Carrée, le Sanctuaire de la Fontaine

Continuez vers le sud, via Ambrussum,  Montpellier, Béziers, Ensérune,Narbonne


Vue de l'Oppidum d'Enserune


Quelques années auparavant, à Montpellier et à Narbonne, des travaux d’aménagement de la ville ont mis à jour de belles portions de la Via Domitia !

Direction l’Espagne, via Perpignan dans le Roussillon, où la Via Domitia se partage en deux itinéraires :

 - un côtier ,
 - un à l’intérieur des terres.

Par la route côtière, la voie passait par Argeles, Collioure, Port Vendres et Banyuls belles stations balnéaires qui émaillent la Côte Vermeille.

La route de l’intérieur, à travers les Pyrénées Orientales, traversait les villes de Montescot , Le Boulou, les Cluses, franchissait les Pyrénées au col du Perthus et au col de Panissars (où ont été mis à jour les vestiges d’un monument romain) puis pénétrait alors en Espagne) jusqu’à la station de La Junquera.

La Via Domitia terminait sa route ici, la Via Augusta prenant alors la relève pour emmener les troupes romaines jusqu’en Andalousie (sud de l’Espagne).




 



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