Lâg, le succès mondial des guitares faites à Bédarieux

Publié le par Yvon Bertrand

© Midi Libre

 

Pour cette Fête de la musique, voici le portrait du fabricant de guitares Lâg, la plus célèbre marque française, qui est installée dans la région : à Bédarieux (Hérault).

L’occasion s’y prêtait puisque la marque s’apprête à souffler ses trente bougies et, nouveauté, elle a décidé de signer ses guitares d’une croix du Languedoc, ajoutant sur les manches "custom Bédarieux", pour marquer son attachement à la région.

 Mathieu Chedid, alias M, Thomas Dutron, Francis Cabrel, Keziah Jones, Jean-Félix et Francis Lalanne, Hugues Aufray, Yael Naim jouent sur ses instruments.

 

Récit d’un conte de fée

Lors d’une soirée Marshall, organisée à Francfort (Allemagne), Henry Juszkiewicz, le grand patron de Gibson, l’une des marques les plus prestigieuses de guitares

dans le monde, lui a rendu hommage. « Je suis ce que vous faites depuis vos débuts. Continuez comme ça. Des gens passionnés comme vous l’êtes il en faut dans ce métier. »

 

Une consécration pour Michel Chavarria, celui à qui s’adressait le compliment. 

L’homme n’en attendait pas tant, même s’il le mérite.

Car, en près de 30 ans, il a su imposer une marque française dans le milieu très fermé des guitares haut de gamme. Surtout, une qualité indéniable et une signature sonore. Depuis ses ateliers de Bédarieux, entre Pézenas et Lodève, où tout est toujours fabriqué à la main, à l’aide aussi - progrès oblige - d’une machine à commandes numériques. 

Guitariste de formation, Michel Chavarria a démarré à Toulouse, rue Lagane, dans un local qu’avait exploité longtemps avant lui son grand-père.

C’était en 1982. Jusque-là, Michel Chavarria passait son temps à être sollicité par des guitaristes, copains ou pas, qui voulaient lui confier à lui et pas un autre la remise en forme de leur instrument. 

Ainsi, de réglages en modifications, il finit par se tailler une réputation. Il se mit à fabriquer des guitares, selon les demandes des musiciens qui venaient le voir.

Coup de chance : le milieu musical toulousain était alors en pleine ébullition, avec des artistes comme Francis Cabrel, Art Mengo et des groupes comme Gold, qui faisaient un malheur dans les hits parades. 

L’activité de l’atelier toulousain fut probablement transportée par cette vague déboulant de la Ville rose.

 

 Au bout de dix ans, la petite fabrique de la rue Lagane ne suffisait plus. Lag - à l’époque sans accent circonflexe sur le "a" - déménagea pour s’installer dans des locaux plus adaptés à Bédarieux. Michel Chavarria eut aussi un coup de cœur pour ce coin de la Montagne noire où il pouvait y faire vibrer l’autre corde qu’il a à son arc, la photographie. 

Lag continua ici à développer une gamme de guitares électriques, sculptées dans des bois splendides. De véritables œuvres d’art.

Des vedettes, comme Michael Jones, le guitariste de Jean-Jacques Goldman, mais aussi Phil Campbell, guitariste de Motorhead, une institution du hard rock, devinrent des fidèles.

Racheté en 2002 par Algam, le premier distributeur européen d’instruments de musique, la boîte prit enfin le chemin d’un succès mondial. 

Aujourd’hui, si le principal démonstrateur d’amplis Marshall, Chris George, présente ses produits en jouant sur une guitare électrique Lag, la petite entreprise languedocienne bâtit néanmoins sa réputation sur sa gamme d’acoustiques, à l’excellent rapport qualité / prix. 

Lag a déporté une partie de sa production en Corée et en Chine, tandis que l’atelier de Bédarieux se réserve la production d’instruments prestigieux et la conception des nouveaux modèles. 

Enfin, un accent circonflexe est venu coiffé le "a" de son nom, reprenant ainsi le nom de famille de sa grand-mère maternelle.


Lâg, c’est donc aujourd’hui une production de 28 000 guitares acoustiques et 6 000 guitares électriques.

Ce volume devrait nettement augmenter cette année et en 2011, la marque débarquant sur le marché américain via une distribution assurée par le groupe japonais Korg. Il aura donc fallu trente ans pour que Lâg s’impose dans le paysage mondial de la guitare.

« Je vis un conte de fée », conclut Michel Chavarria qui vient de décider d’ajouter la croix du Languedoc sur ses instruments et un "custom Bédarieux".

Publié dans Economie Locale

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