Les mineurs sont-ils traumatisés par la corrida ?

Publié le par Yvon Bertrand

 

La statue du toreador Christian Montcouquiol dit Nimeno II devant les arènes de Nîmes.

 

Suite à la publication de l’interview du professeur Montagner, l’Observatoire national des cultures taurines (ONCT) a adressé un communiqué à la rédaction de Midi Libre.

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Les mineurs traumatisés par la corrida ?

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"Comme le sait parfaitement le professeur Montagner, (...) il n’y a pas de vérité scientifique sans expérimentation préalable.

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Or, en 2008, quand l’association taurophobe à laquelle le professeur Montagner vient d’adhérer a demandé au gouvernement d’interdire l’accès des arènes aux mineurs, l’Observatoire, dans le cadre des “Rencontres animal et société”, a proposé la réalisation d'une étude statistique portant sur les dix années précédentes."

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"Etude afin de mesurer la dangerosité éventuelle du spectacle taurin et de quantifier avec précision le nombre de mineurs traumatisés durant cette période. (...) Pour que cette étude ait un sens, l’Observatoire demanda également que les chiffres obtenus soient comparés avec ceux concernant les mineurs traumatisés par la violence à l’école, à la télévision ou dans les jeux vidéo."

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Une étude rejetée par les anti-corrida

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"Les représentants des ministères de l’Éducation Nationale, de la Santé, de l’Intérieur, des Affaires sociales et de la Justice se montrèrent favorables à cette étude et acceptèrent le principe de son financement, mais toutes les associations anti-taurines rejetèrent immédiatement cette proposition, sachant parfaitement que ses conclusions leur seraient défavorables (...)"

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    Le spectacle de l’arène est formateur

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L’Observatoire national des cultures taurines ajoute que "contrairement au professeur Montagner, de nombreux spécialistes de l’enfance estiment que loin d’être cause de traumatisme, le spectacle de l’arène est formateur pour l’adolescent, dès lors qu’il s’accompagne d’un discours qui lui donne du sens (...)."

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  Hubert Montagner, ex-directeur de recherche à l’Inserm de Montpellier.

 

Hubert Montagner, spécialiste du comportement de l’enfant, prône l’interdiction des corridas aux moins de 16 ans. Et engendre une polémique avec le pédopsychiatre Marcel Rufo.

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 Vous reprochez à Unicef France d’accorder le label “Ville amie des enfants” à Nîmes et Arles parce qu’elles accueillent des écoles de tauromachie. Pourquoi cette initiative, maintenant ?

.     CRAC

J’aurais pu certainement intervenir avant, mais il s’est trouvé que j’ai été sollicité par une personne de haut niveau qui milite au sein de la Fédération des luttes pour l’abolition des corridas (Flac). J’ai écrit à Unicef France (le 6 janvier, NDLR) en me situant du point de vue de l’intérêt des enfants.

 

zone taurine et zone où la corrida est hors la loi

 

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Êtes-vous vous-même militant anti-corrida ?

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Je suis parfaitement indépendant. Je suis un universitaire et un chercheur (...) Ce qui m’intéresse plus particulièrement, c’est de comprendre pourquoi un enfant peut s’enfermer dans des peurs, des angoisses, des inhibitions ; dans quelles situations et comment un enfant s’installe et se comporte dans l’insécurité affective, avec le sentiment d’être abandonné, d’être délaissé, d’être en danger.

"Il est du devoir de la société humaine de soustraire les enfants aux spectacles de violence"

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Quel est le rapport avec le spectacle de la corrida ?

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Il est évident que le spectacle de la corrida est une forme de violence pour les plus vulnérables, pour les plus fragiles, pour ceux qui sont dans l’insécurité affective.

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Avec mes collaborateurs, au cours d’une partie de nos recherches sur les interactions entre l’animal familier et l’enfant, nous nous sommes rendu compte à quel point un enfant peut être en détresse, inconsolable, dès lors qu’il voyait que son animal était maltraité.

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Et encore plus quand il découvre que son animal est mort parce qu’un chasseur ou un voisin irascible est passé par là...

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Mais le toro de combat n’est pas un animal familier...

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Ce n’est pas cela que je vous ai dit. On est allé voir aussi ce qui se passait à la campagne entre l’enfant et un mouton, une vache, etc.

Quel que soit l’animal que l’enfant peut considérer comme un complice, un compagnon, c’est clair que lorsque l’on touche à cet animal, cela provoque chez lui des troubles du comportement et du psychisme. Un taureau, ce n’est pas tellement différent.

L’enfant est spectateur des blessures et des souffrances qui sont infligées au taureau qui n’a rien demandé. Cela trouble beaucoup d’enfants.

C’est très destructeur en ce qui concerne la perception que l’enfant a des animaux et aussi la perception qu’il peut avoir des relations entre les hommes et les animaux.

Ce n’est pas cela qui peut lui donner confiance dans les relations humaines. Je ne vois pas ce que cela peut lui apporter dans son développement vers l’âge adulte.

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Avez-vous vous-même observé le rapport entre l’enfant et la corrida et si non, sur quelles recherches vous fondez-vous ?

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Ce sont des résultats qui ont été publiés en 2004 par une équipe espagnole, dans un périodique international à comité de lecture, un journal scientifique reconnu (dans Agressive Behavior, une équipe du département de psychologie de l’université de Madrid tend à montrer que l’attitude des enfants vis-à-vis de la corrida n’est en général pas favorable, NDLR).

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N’y a-t-il pas d’autres spectacles à prohiber pour les enfants ?

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Il est du devoir de la société humaine de soustraire les enfants aux spectacles de violence.

Je me souviens avoir vu un  combat de coqs aux Antilles et cela traumatisait beaucoup les enfants. Des parents allaient même chercher leurs enfants pour qu’ils voient bien la mort de l’un ou l’autre coq.

 

On n’a pas le droit de faire ça. On banalise tout ce qui touche à la violence, on banalise la mort des êtres vivants qui sont faits pour vivre par définition.

 Les combats de coqs ont d’ailleurs été interdits à juste titre dans le nord de la France même si clandestinement il y en a encore.

 Je pense qu’un jour, quand les décideurs auront plus d’humanisme, ils interdiront la corrida ou en tout cas aux enfants de moins de 16 ans.

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Contre "un monde aseptisé"

 

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C’est peu de dire qu’Hubert Montagner ne prend pas au sérieux Marcel Rufo... qui le lui rend bien sur le terrain des amabilités.

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Dans le passé, ces deux-là n’ont d’ailleurs pas réussi à travailler ensemble...

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Le pédopsychiatre Marcel Rufo ne partage pas du tout l'analyse d'Hubert Montagner sur l'enfant et la corrida.

En tout cas, Marcel Rufo ne partage pas du tout l’analyse d’Hubert Montagner sur l’enfant et la corrida.

. Ce grand amateur de joutes rugbystiques prévient d’emblée qu’il n’est pas aficionado, avant d’affirmer que "l’anxiété, les peurs font partie du développement de l’enfant. Freud l’a dit, il faut avoir des peurs pour grandir."

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Dans une certaine mesure "la violence est pour l’enfant, quand il est soutenu par les parents, un rite initiatique". Il dénonce l’idée «d’un monde aseptisé, de Bisounours".

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Et illustre : "Faut-il interdire aux enfants les documentaires animaliers où l’on voit le lion manger d’autres animaux ?"

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Et puis : "Interdire la corrida ne diminuera pas l’anxiété d’un enfant anxieux. Moi, j’ai envie de défendre le grand-père qui amène son petit-fils aux arènes."

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Sur la question de l’âge, M. Rufo concède cependant :

 

la corrida avant "9-10 ans" n’est peut-être pas indiquée. Mais l’interdire aux moins de 16 ans est une aberration pour lui : Hubert Montagner "se trompe sur les tranches d’âge".

 

Ils sont descendus dans l'arène jeunes....

 

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 Michélito

 

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Michelito Lagravere est un jeune toréro franco-mexicain de onze ans. Depuis l’âge de six ans, il a déjà tué plusieurs taureaux .

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A 13 ans il a été confirmé matador

 

 

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Considéré comme l'un des meilleurs toreros du monde, fils d'un ancien novillero malchanceux qui perdit un œil en corrida, élève de l'école taurine de Madrid, « El Juli » combat son premier taureau le 2 juin 1991, à l'occasion de sa communion solennelle. Son sens du taureau et du temple, sa maîtrise technique hors pair, une allégresse sans équivalent caractérisent ce premier « Juli » qui fait courir les foules à partir de 1995 (il n'avait alors que 13 ans)[1].

 

Publié dans Tauromachie

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