Mohed Altrad : le nouvel ambassadeur de Montpellier

Publié le par Yvon Bertrand

 
 
 
Mohed Altrad est passé de l'ombre des affaires à la lumière de l'actualité sportive.
S’il fallait désigner la personnalité montpelliéraine de l’année 2011, nul doute que Mohed Altrad figurerait à une place de choix.
En quelques mois, en effet, le PDG du groupe homonyme, leader mondial des échafaudages, brouettes, bétonnières et autres produits tubulaires, a pris la place qui lui revient incontestablement dans le paysage de la ville.
En quelques mois, il est passé de l’ombre des affaires à la lumière de l’actualité sportive.

"Si Georges Frêche avait été encore là, je ne me serais jamais engagé"

 

Mohed Altrad a percé, d’une certaine façon, l’abcès.

 

Aux yeux des Montpelliérains, son véritable acte de naissance correspond au jour où il a affiché son intention de reprendre le Montpellier Hérault Rugby.

 

C’était au printemps dernier. Dans une interview accordée à Midi Libre, il annonçait sa décision de mettre, de sa poche personnelle, 6 M€ pour prendre le contrôle d’un club en souffrance.

L’émergence de Mohed Altrad reste pourtant dans la logique des choses.

 

Jusqu’alors, il cultivait une sorte d’énigme, celle de n’être pas prophète en son pays.

 

 Lui, auteur d’une extraordinaire réussite professionnelle, restait, pour beaucoup, un inconnu.

 

Absent des radars. Mais depuis quelques années, l’homme d’affaires, d’origine syrienne, a amorcé un rapprochement progressif avec Montpellier.

 

Longtemps installé à Florensac, siège historique de l’entreprise Mefran, devenue au fil des ans le puissant groupe Altrad, son état-major a été rapatrié dans une jolie dépendance du mas de Carbonnier, la superbe demeure personnelle du PDG, à deux pas d’Odysseum.

C’est là, dans ce havre de tranquillité du parc, que les décisions stratégiques sont prises.

 

C’est de là, également, qu’a été travaillée la stratégie qui lui a permis de prendre le contrôle du Montpellier Hérault Rugby, au nez et à la barbe d’un clan Nicollin qui s’était trop vite vu en sauveur du club.

Très discret, trop même, au goût de certains, Mohed Altrad est aujourd’hui passé à la lumière.

 

Le rugby lui a imposé une exposition qui, curieusement, ne semble pas le déstabiliser. Bien au contraire, son aisance à gérer ce nouveau statut en a surpris plus d’un.

 

Il est désormais le nouvel ambassadeur de Montpellier.

Et peu importe si le patron a amené son groupe sur tous les terrains du monde, lui permettant d’atteindre, cette année, un résultat historique.

 

 L’homme ne s’en est pas caché, il assume : "Si Georges Frêche avait été encore là, je ne me serais jamais engagé", dira-t-il, au printemps dernier.

 

Et si Mohed Altrad symbolisait l’évolution même de la ville, trop longtemps soumise aux contours dictés par l’ancien maire ?

 

 

Du désert au sommet, ou la fantastique ascension de Mohed Altrad

 

 

Le nouveau président du club de rugby Montpellier Hérault Rugby (MHR), Mohed Altrad, pose devant chez lui, le 16 aout 2011.
Le nouveau président du club de rugby Montpellier Hérault Rugby (MHR), Mohed Altrad, pose devant chez lui, le 16 aout 2011.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Né dans une tribu nomade syrienne, entre chiens et moutons, Mohed Altrad, homme d'affaires accompli et patron du groupe éponyme, féru de littérature, auteur de romans et d'essais, est aussi le président passionné de Montpellier Rugby (MHR).

 

"Ma réussite? Dieu, le travail, beaucoup de travail et un peu de chance", affirme ce chef d'entreprise d'une soixantaine d'années.

 

Sans plus de précision car il ne connaît pas son âge exact: chez les Bédouins, il n'y avait pas de registre d'état civil.

"En fonction des papiers que j'ai, il y a trois années de naissance différentes (1948, 1951, 1955). Mais elles peuvent être fausses", s'amuse cet homme, dont le groupe produit du matériel pour le bâtiment (bétonnières, échafaudages, brouettes...).

 

Sa réussite est affichée sur les murs de son bureau, avec force photos et diplômes accrochés.

Sans oublier ses livres, qu'il expose comme des tableaux.

 

"L'écriture, c'était presque un défi, peut-être un complexe", explique l'entrepreneur qui a signé deux romans, "Bédouin" et "L'hypothèse de Dieu", qui se nourrissent de son expérience et de ses interrogations.

D'une simplicité ostentatoire, servant le café à ses interlocuteurs, Mohed Altrad savoure l'histoire de sa vie. Et ne se prive pas de mettre en exergue son appétence pour la connaissance et son besoin de rompre avec les traditions.

C'est ainsi qu'entre lui et sa grand-mère, qui l'élève après la mort précoce de sa mère, va s'engager une sorte de course.

 

L'enjeu?

 

L'école, installée à 5 km. Il se réveille le premier, y va à pied. A l'inverse, la matriarche veut le priver de ce qu'elle voit comme un "lieu de fainéantises".

"J'avais beaucoup de volonté", souligne le patron d'Altrad, un groupe qui compte actuellement 60 sociétés, emploie 4.000 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros, dont les deux tiers à l'étranger.

Mohed Altrad est un élève doué.

 A l'époque, les meilleurs jeunes syriens sont envoyés à l'étranger pour y poursuivre leurs études. Altrad, premier de son département, profite de cette chance, avec dix autres garçons et une fille.

"Je voulais être pilote de chasse, mais c'est tombé à l'eau", se souvient celui qui préfère finalement des études de sciences, en 1972, à Montpellier plutôt que de médecine au Caire.

 

Il avait découvert le général de Gaulle et Flaubert dans des livres et rêvait de la France comme d'un pays imaginaire, semblable au paradis.

 

Après ses études, il aurait dû travailler en Syrie le triple du temps passé en France.

 

Mais, en 1974, alors étudiant à Jussieu, il rompt son contrat avec le ministère syrien de l'Education et l'ambassade supprime sa bourse.

Qu'importe, il est embauché par Alcatel, puis Thomson, et commence un doctorat. Il ne retournera jamais en Syrie.

"J'aime la France. J'aime la langue. J'aime son histoire, sa culture qui est aussi forte que la culture orientale", souligne Mohed Altrad.

Son ascension passera par Abou Dhabi où, en quatre ans, il s'enrichit en aidant des Bédouins à créer une compagnie pétrolière.

Puis Mohed Altrad revient à Montpellier.

 

 

Il monte une société d'informatique, qu'il vendra à Matra. "On voulait créer un ordinateur portable mais il pesait 25 kg", sourit l'homme d'affaires, auquel on va finalement proposer des... échafaudages.

 

"Je n'y connaissais rien", avoue-t-il, se qualifiant "d'homme de missions".

Passionné depuis toujours de sport,   c'est pour cela qu'en mai dernier, il a repris le MHR, club en difficulté.

 

Publié dans Rugby

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