Une histoire corse : le Sarkoscud

Publié le par Yvon Bertrand

 

L'histoire a commencé comme une macagna et a bien failli finir par la noyade d'une toute jeune entreprise de navigation. Parce qu'ils ont décidé de baptiser leur vedette ultrarapide le Sarkoscud, Armand Faucher* et Baptiste Bacchiolelli ont eu quelques difficultés à obtenir les autorisations de naviguer.

Les deux marins s'en étonnent : « Notre bateau est très rapide. Il peut naviguer à 50 noeuds avec son moteur de 700 chevaux. C'est en référence à la vitesse que nous avons choisi son nom. Pas pour manquer de respect à qui que ce soit. »

« Invitez le président de la République ! »

Sur le port d'Ajaccio où tout le monde les soutient, les répliques fusent : « Si, c'est à cause de Nicolas Sarkozy, alors il n'y a plus qu'à mettre les Guignols en prison », rigole un pêcheur. Un autre suggère : « Offrez-lui une balade à bord. Il aime ce qui va vite. Il va adorer et vous aurez vos autorisations... »

Mais pour les deux fondateurs de la société Corse émotion, l'heure n'est plus à la plaisanterie. Ce projet, ils l'ont conçu, il y a quelques mois en découvrant en Australie les vedettes semi-rigides ultrarapides destinées aux promenades en mer. Les deux marins qui travaillent depuis des années dans ce secteur et ont fait visiter la réserve de Scandola à des milliers de touristes, tombent amoureux du concept.

« La vedette fait 11,50 mètres. A bord, il n'y a que 12 places. Nous nous rendons très rapidement sur les sites, mais ensuite, on peut se permettre de prendre plus de temps, de tout visiter, de tout explorer... »

Dès lors commence le marathon bien connu des créateurs d'entreprises. Convaincre les banques, faire fabriquer le bateau sur mesure. Un an de bagarre quotidienne. Et à la fin du mois d'août, l'arrivée en Corse de leur vedette. La suite est classique, un passage aux douanes, l'obtention de tous les papiers (notamment le certificat de francisation) en vue des essais. Et puis, depuis 48 heures, tout s'arrête.

Pas moyen d'obtenir l'immatriculation définitive. De s'inscrire au rôle de la marine de commerce.

« Nous voulions rencontrer le directeur des affaires maritimes mais il était en réunion, explique Armand. Dans les bureaux, on nous a fait comprendre que nous y étions allés un peu fort avec le nom de notre bateau... Le problème c'est que, comme la vedette est arrivée en fin de saison, nous avons préparé toute notre publicité avec ce nom pour les deux années à venir. Changer de nom risque de nous faire perdre énormément d'argent. Nous n'imaginons même pas les conséquences d'un refus d'immatriculation. »

Pas d'obstacle légal

Contacté, M. Pérone, directeur régional des affaires maritimes a infirmé ce problème de « dénomination interdite » : « Il n'y a pas d'obstacle légal sur le nom du bateau, nous l'avons vérifié. En revanche, les propriétaires avaient obtenu des autorisations provisoires (dans le cadre des essais de leur navire) qu'il faut rendre définitives. Et pour cela, ils doivent avoir l'aval de l'inspecteur du centre de sécurité maritime... »

A la fin de l'après-midi, la situation qui paraissait bloquée avant le contact avec le directeur des affaires maritimes semblait arrangée. Un rendez-vous est pris pour lundi avec l'inspecteur du centre de sécurité maritime. Cette étape passée, le Sarkoscud voguer en toute légalité.

Armand et Baptiste concluent : « Notre invitation au président de la République tient toujours. S'il souhaite voir la réserve de Scandola comme il ne l'a jamais vue. »

Sur un bateau qui peut affronter des creux de 5 mètres à des allures décoiffantes sans aucun problème mais qui ne garantit pas - toujours - aux passagers de rester au sec.

 

* Armand FAUCHER est le petit-fils d'Aimé BERTRAND dont notre Clos porte le nom.

 

Corse émotions

 http://www.corse-emotion.com/ 

 

   

Publié dans Tourisme

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