Dans l'étang de Thau, l'hippocampe fascine... et prolifère

Publié le par Yvon Bertrand

 

Ce fascinant poisson est l'objet d'études dans l'Hérault.

 

Bilan : il prospère et c'est là qu'on en trouve le plus en France

Moucheté ou pygmée, l'hippocampe fascine.

 

 Une double bonne nouvelle vient de tomber, issue de cinq ans d'études menées par le collectif du projet Hippo-Thau (*), sur l'étang .

 

Un : le "cheval de mer" ne s'est jamais aussi bien porté.

Deux : il prospère à tel point que c'est dans l'Hérault que l'on en trouverait le plus en France !

 

Des plongeurs de tout le pays n'hésitent d'ailleurs pas à faire le déplacement pour observer ce poisson atypique.

Sur lequel on ne savait rien ou presque, faute d'études parce qu'il n'est ni comestible ni commercialisable.


« L'étang de Thau fait parti d'un des deux plus hauts lieux de l'hippocampus guttulatus avec le lac d'Hossegor, confirme l'Agathois Patrick Louisy, biologiste coordinateur du projet.

Et selon, nos premières constatations, nous sommes dans une phase de progression. Selon nos mesures et nos comptages, nous en avons de 3 à 5 fois plus qu'en 2007. »

 

Difficile d'estimer leur nombre, même s'il en existerait au moins 10 000 dans l'étang.

Un chiffre qui paraît énorme. « Oui et non, nuance Patrick Louisy. Par exemple, à titre de comparaison, il reste 30 000 orangs-outangs en Asie et leur situation est qualifiée de très critique. »

 L'explication de cette prolifération bienvenue ne tient pas forcément à la qualité de l'eau du bassin, ni même à la sensibilisation accrue des pêcheurs face à ces bestioles fragiles qui aiment à se fixer sur leurs filets ou sur les tables conchylicoles et qui font partie de l'identité et du patrimoine local.


« Non, l'hypothèse la plus plausible est celle d'un cycle naturel : il y a eu une baisse entre 2000 et 2005 et une augmentation après la malaïgue de 2006. C'est une espèce lagunaire opportuniste, qui a rebondi en terme de population », avance le coordinateur. Mais qui peut donc, aussi, être menacée en cas de retour de cette maladie des étangs.

 Et si, également, ces derniers ne sont pas protégés : « La perception de l'hippocampe est très bonne, le contexte est donc favorable pour que l'étang de Thau soit respecté et préservé », espère l'un des piliers d'Hippo-Thau.

 

Où les trouver

 

 L'hippocampe aime les grandes lagunes avec échange avec la mer, des quantités d'eau suffisantes et des herbiers.

Les clubs de plongée vous emmèneront sur l'étang de Thau à leur découverte, même si vous n'êtes pas assuré d'en voir à chaque fois.

L'hippocampe des étangs est aussi visible au Barcarès et il a été vu en mer du côté de Cerbère. Mais la plupart des hippocampes de Thau passent toute leur vie dans l'étang.

En mer, on trouve plutôt l'hippocampe à museau court, le long des côtes sableuses, par exemple au Grau-du-Roi, à Palavas ou Valras, mais très rarement.


Il aime les gambas Ses journées ? « Il glande et il bouffe... La belle vie quoi ! », rigole Patrick Louisy. Le "cheval de mer" aime se cacher dans les algues ou les herbiers.

Il est plutôt solitaire même si souvent ils sont plusieurs dans le même secteur.

Il adore les gambas et se fait des ventrées de petites crevettes en balançant son museau à proximité de la proie puis en aspirant tout d'un coup.


A contrario, dans la chaîne alimentaire, il n'a pas de prédateur attitré d'autant qu'il n'y a pas grand-chose à manger dans l'hippocampe : loups et dorades peuvent "croquer" les petits, tout comme les seiches alors que certaines anémones de mer peuvent les blesser.


 Les études montrent que ce poisson à une durée de vie de 4 à 5 ans en moyenne et que l'espèce des étangs, l'hippocampe moucheté atteint une taille de 16 à 19 cm.

 Lors de la reproduction, après l'accouplement, la femelle pond ses oeufs dans la poche du mâle.

Et au bout d'un mois, ce sont 200 à 300 bébés qui sont expulsés en mer.

 

Publié dans Art & Nature

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