Il était une fois la ligne de tramway n° 1 Béziers-La mer

Publié le par Yvon Bertrand

Il était une fois la ligne de tramway n° 1 Béziers-La mer

 

De 1901 à 1948, cinq lignes de tramways électriques gérés par la Régie municipale des tramways de Béziers (RMTB), ont sillonné différentes artères de la ville.

Une sixième, la ligne 1, Béziers – La Mer , a transporté des millions de voyageurs vers la "grande bleue" du Biterrois, aujourd'hui Valras, en passant par Sauvian et Sérignan. Et vice-versa.

 


Les anciens se souviennent encore... Le premier départ de Béziers se tenait à 6 h 30 place d'Espagne (au faubourg, à l'époque, place des Alliés).

 La ligne était destinée au transport des voyageurs et des marchandises : vitesse maximale 20 km/h, 1 heure et demi pour parcourir les 13 km de rail jusqu'à la plage, « quand il n'y avait pas d'accident ou d'incident, assez fréquents », comme le précise Hubert Vidal,

un Sauvianais passionné d'histoire locale qui a travaillé avec son fils et ses amis sur l'historique de ces tramways biterrois


Déraillements, patinages, emballements, heurts, collisions, télescopages, écrasement d'animaux et d'hommes...

 Les nombreux articles de la presse locale de l'époque en témoignent.

Mais peu importe ! Le tramway ne manquait pas d'usagers. « La voiture était un luxe. Seuls les riches pouvaient s'en acheter une », précise Jean Escaich, dit Jeannot, 86 ans, aujourd'hui retraité de la RMTB, qui a conduit les tramways de 1944 à 1948


Le premier départ de Valras avait lieu aussi à 6 h 30, à la gare du village, aujourd'hui le parking à l'entrée de la rue Charles-Thomas.

valras départ des tramways

 

Nombreux étaient les employés allant travailler à la ville. « Je me rappelle de groupes de jeunes filles venant des trois villages qui se rendaient tous les jours à leur travail, elles parlaient de la Ruche du Midi, à Béziers », se souvient la Sauvianaise Josette Vidal, qui prenait le tramway pour se rendre à son collège.


Dans un sens comme dans un autre - mer-ville ou ville-mer -, collégiens, baigneurs, ouvriers agricoles, salariés, commerçants, vendeurs de poissons...

Tous les âges et milieux sociaux se rencontraient pour une belle aventure. Qui s'est terminée exactement le 30 octobre 1948.

 Dès le lendemain, Jeannot était au volant d'un bus, « un Berliet ». Une page de son histoire, et celle du tram biterrois, venait de se tourner ! .

 

  Jeannot Escaich, conducteur de 44 à 48

 

Jeannot Escaich, conducteur de 44 à 48

 

Jean Escaich, dit Jeannot, 86 ans, a conduit les tramways biterrois de 1944 à 1948, date de leur retrait définitif. Il avait alors une vingtaine d'années.

 Ancien salarié de la Régie municipale des tramways de Béziers (RMTB), il passe aujourd'hui une retraite paisible à Béziers.


Il se souvient de la ligne n° 1, Béziers – La mer. Premier départ, 6 h 30, place d'Espagne, à Béziers (à l'époque, place des Alliés) ; gare de Valras (aujourd'hui le parking à l'entrée de la rue Charles Thomas), même heure.


« C'était une ligne qui rendait de grands services car elle était le seul moyen de transport à l'époque pour les Sauvianais et les Sérignanais. Il y avait bien déjà quelques bus privés, comme les Puel, les Cugnenc ou les Sentenac, mais ces premiers bus passaient par Villeneuve.


Je me souviens des épiciers de Valras, Sérignan et Sauvian qui se servaient du tram pour aller à la ville acheter leurs marchandises deux à trois fois par semaine et transporter leurs achats sur les plates-formes des remorques jusqu'à leur village.

Au retour, je les prenais à la place du marché au bois.


Il y avait aussi les poissonnières de Valras qui allaient vendre leurs poissons sur Béziers. Elles les transportaient dans des caissettes empilées dans des poussettes de bébé pliables.

C'était toute une organisation pour les placer dans le tramway !

Pendant la période des vendanges, on doublait les remorques pour transporter les Biterrois allant travailler dans les campagnes.

L'été, nous transportions des grappes humaines : des familles allant à la plage, des commerçants, des ouvriers agricoles, des marchandises...

Et même le courrier de Valras, Sérignan et Sauvian que nous déposions à la poste de Béziers, à côté du buffet de la gare (aujourd'hui disparue) .


Les tramways étaient bondés, il faisait chaud mais les remorques, contrairement à l'hiver, étaient ouvertes. Les gens pouvaient donc respirer
»

 

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Publié dans Histoire régionale

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